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2021 France - Japon

NOKUS – BISHKEK

Nous avons enfin récupéré nos Africa Twin à la douane de Nokus le mardi 17 aout. La seule option de contourner la mer Caspienne, suite à l’annulation de nos visas de dernière minute pour l’Iran était d’expédier nos motos par camion sur 2.100 km de Erzurum (Turquie) à Nokus (Ouzbékistan), car la Géorgie et l’Azerbaïdjan étaient fermés aux étrangers. Nous avons réussi à trouver une agence de douanes avec des fondateurs Karakalpaks qui connaissent bien la région de Nokus et qui réussissent à libérer nos motos et véhicules 4×4 en moins de 48 heures ! Ca peut paraitre long 48 heures mais dans le contexte de la complexité de notre dossier, ça reste une belle prouesse de leur part…

Les Irreks peuvent reprendre leur route vers le Japon qui commence par 2 jours de commando à travers le désert ouzbek du Kisylkum. La première étape de 600 km vers Bukkhara est longe, chaude et douloureuse car avec la cameraman Maéva on chute avec notre moto Joey dans les graviers d’une zone de travaux chargées en camions, poussières et pièges en tout genre. Maéva fait son rouler-bouler salvateur et moi j’amorti la chute de la moto en bénéficiant de la solidité de mon casque… Les Irreks s’en sont sortis sans encombre.

La 2ème étape de 570 km vers Tashkent est plus clémente tout en étant éreintante. Encore une étape vers Margilan pour un test PCR hilarant avant de viser la prochaine frontière…

En cours de route nous sommes conviés à assister à un mariage traditionnel ou les Ouzbeks partagent des moments solennels et conviviaux, et qui sont fiers de partager avec nous en toute simplicité hospitalière..

Le 21 aout, les Irreks entrent enfin au Kirghizistan après une dernière difficulté douanière en sortant de l’Ouzbékistan, car les douaniers ont du mal à comprendre pourquoi nos motos sont entrées en tant que marchandise en camion et sortent par la route en self driving. 

Le Kirghizistan est le paradis attendu et mérité pour notre groupe de motards. On aurait pu aller explorer le Tadjikistan par la frontière Ouzbékistan mais on n’aurait jamais pu entrer au Kirghizistan via Sary Tash car les 2 pays sont encore en conflit. Osh est une journée repos qui permet de changer les pneus sur nos motos et de passer aux Anakee Wild, plus accrocheurs sur les pistes à venir. Avec l’aide de Jean Marc, Bernard et Alain Borie, l’équipe de T3 termine sa mission avant le départ vers Kazarman. Par contre, une journée ne suffit pas à réparer notre camion Popeye qui ne digère pas le gasoil de très mauvaise qualité “coca cola“ d’Ouzbékistan et tout le circuit de gasoil est affecté avec 4 pannes majeures détectées au scan. Le camion Popeye est malade, la traversée du Kirghizistan se fera au final sans lui et Thierry nous rejoindra à Bishkek avec le camion. Donc les Irreks n’ont pas droit à la chute et vont faire preuve de beaucoup de sérieux, de solidarité et de courage durant cette traversée du paradis Kirghize… Une fois encore c’est mon pote Eric Lobo qui m’aide à trouver la perle rare à Osh, un garage qui ferait fuir tout client occidental mais dans lequel des mécaniciens dieselistes hors pair vont prendre en main la réparation du circuit de gazoil de Popeye.

La premier journée de piste nous amène sur Kazarman, un passage obligé de tous nos voyages T3 dans ce pays depuis 2013. Les Irreks vadrouillent à leur rythme, avec beaucoup de sérieux et responsabilité dans leur pilotage. Les pauses photos sont très nombreuses, les rencontres aussi avec des berges, des apiculteurs, des nomades. Le passage du col de Kazarman se passe bien mais avec Pierre et Jean Marc nous arrivons de nuit après un problème de pneu qu’on a eu du mal à repositionner, suite à une mauvaise manip. Le 24 aout, nous vivons une journée extraordinaire et intense sur la fabuleuse piste entre Kazarman, Baetov et Tash Rabat. 

Les paysages torturés nous offrent des écrans hors du commun, les rencontres dans les petits villages ou camps de nomades sont toujours aussi agréables, et les sensations de pilotage restent du caviar émotionnel sur cet itinéraire 5 étoiles… Nous retrouvons cette immense faille terrestre qu’on avait découverte en 2013 lors de l‘expédition PARIS PEKIN et qui reste toujours aussi époustouflante à contempler !..

Nous côtoyons des troupeaux de chevaux au galop, des transhumances de moutons, des aigles qui nous survolent, des marmottes aussi curieuses que peureuses et des nuages qui jouent avec notre appréhension d’une piste détrempée. Dans le petit village de Baetov, on s’éclate avec un petit foot de rue improvisé avec les gamins du coin et en arrivant à Tash Rabat, on ouvre la fenêtre privilégiée d’un espace temps dans lequel nos repères habituels se dégonflent, où l’altitude de 3.200 m nous garantie oxygène et fraicheur et où le caravanserail millénaire nous rappelle que nous sommes sur une des voies ancestrales méconnues des routes de la soie.

Le 25 aout les Irreks partent par groupes de 3 motos, à l’assaut du col des 33 perroquets afin de rejoindre le plateau du lac de Sonkul perché à 3.100 m dans l’écrin d’une nature préservée des affres de nos sociétés de consommation. Un de ces paradis sur terre qui se méritent et qui demandent des efforts. Pour notre courageux suisse Alain, c’est un peu la galère avec 3 chutes dues à la fatigue sur la piste du col mais il est chaleureusement accueilli par les Irreks qui l’ont tous attendu au sommet du col. Cette solidarité fraternelle est belle à voir et permet au groupe des Irréductibles de poursuivre ensemble les 40 à 50 derniers km de paysages majestueux vers notre camp de yourtes au bord du lac. Pour tout motard trailliste et passionné de voyage, venir au lac de Sonkul avec sa propre moto fait partie de la “wishlist“ universelle !

Le soir vers 20H00, on part avec la caméraman Maéva avec le 4×4 Sherpa jusque’à la prochaine ville de Kotchkor qui est à 125 km mais à 3 heures de route car beaucoup de pistes compliquées. Elle doit prendre son avion retour demain tôt de Bishkek, où on retrouvera le réalisateur Hervé Fieujean. Les Irreks partagent une belle soirée de nomades sous les, yourtes et les étoiles et je rentre au camp vers 2H00 du matin. Ca m’a permis de repérer la piste pour l’étape Sonkul – Bishkek qui nous offre encore 85 km de paysages sublimes à traverser . Le 26 nous rejoignons Bishkek ou nous attend POPEYE dont le système et circuit d’injection a été entièrement réparé à Osh. On est prêt à poursuivre ensemble notre périple à travers deux pays fermés aux touristes : le Kazaksthan et la Russie. Mais le graal reste cette motivante utopie de pouvoir fouler le sol nippon début octobre jusqu’à l’usine de Kumamoto avec nos vaillantes Aftwins… Affaire à suivre…

Photos T3 – T. Renavand – E. Massiet du Biest