C’est une journée qui s’annonçait superbe avec une petite route de montagnes kurdes vers Saqqez. On avait entamé la journée sur une petite piste au sud du lac, avec un petit groupe de pistards, tandis que d’autres prenaient l’asphalte.
A midi, on a rencontré un jeune kurde fabuleux dans un petit restaurant de bord des routes. Il avait appris le français tout seul et il s’extasiait en découvrant notre aventure de gaulois. Il nous a parlé de son pays, de ses problèmes, de ses forces et de ses espoirs : d’après lui, la religion ne devrait jamais être positionnée au-dessus du gouvernement d’un pays mais à coté, et sans porte communicante.
Mais la nouvelle est tombée dans l’après midi : notre ami Bernard Vara a quitté le groupe après un dernier sourire. Hier au campement de Urmia, il a fait pleurer de rire ses comparses de voyage en racontant ses péripéties de barbier à Istanbul, ou ses recettes de cuisine…
En pleine forme, débordant d’énergie, ancien préparateur de Porsche de compétition et compétiteur lui-même en enduro, il était l’une des figures du monde de la moto au pays Basque. L’année dernière il avait parcouru le Laddack et le Pérou à moto. Ce France-Perse était le voyage de sa vie.
Notre ami Bernard VARA – alias “Benāt” – nous a quitté aujourd’hui au coeur de sa passion de la moto. Sans savoir ce qui lui arrivait, assis à côté de sa moto, son cœur a coupé le contact, il est parti après un dernier sourire, alors que notre médecin s’occupait de lui. Il a eu cette chance de partir les bottes aux pieds, en tenue moto, à côté de sa bécane.
Le groupe est affecté et sous le choc. Le soir on se recueille après un dîner silencieux dans le hall de l’hôtel pour expliquer les circonstances et la suite du voyage. Bernard était vraiment apprécié de tous, pas seulement pour son humour mais aussi pour son goût de la vie et sa passion des autres.
Demain, l’étape sera neutre. Pas de piste, pas de retour : une liaison tranquille et sobre vers Hamadan. Il faudra garder, malgré tout, notre esprit joyeux et notre enthousiasme de voyageurs. C’est ce que Benāt aurait souhaité par dessus tout.