A Bishkek le groupe est tendu. L’obtention du visa KAZAK est la clef de voute administrative de notre expédition. Si ce visa est refusé, le voyage est terminé. Avec mes amis depuis plusieurs mois, on travaille sur les dossiers de demande de visas Kazak pour nos Irréductibles. On avait une piste à un moment pour un levier “diplomatique“ avec une personnalité Kazak mais cela n’a pas marché. C’est notre fidèle ami Serguei à Bishkek qui m’aide pour décrocher ce visa KAZAK avec nos petits bras. Il a été en personne à Astana rencontrer des officiers de divers ministères . Mais alors qu’on roulait en Turquie, Serguei m’appelle pour me faire part de son pessimiste et que ce serait très compliqué à obtenir. On a cherché d’autres pistes via les fédérations de sports mécaniques, organismes de tourisme etc… Les irréductibles sont arrivés sur Bishkek le jeudi 26 Aout. Pas de visa Kazak. On a passé la journée du vendredi 27 a remplir des formulaires, pendant que Thierry et des bénévoles du groupe aidaient à faire le vidanges des motos. Mais le vendredi soir, toujours pas de visa alors qu’on doit partir demain… La soirée fut très tendue… J’en ai, pris pour mon grade. Et samedi matin, Serguei nous bouscule en nous envoyant tous par taxi en urgence à l’ambassade ! On passe par la petite porte et un officier super sympa nous tamponne nos passeports un par un… Retour à l’hôtel euphorique, on casse une croute et on enfourche nos bécanes direction la frontière située a 60 km. Gaaaz !
Au poste d’entrée Kazak, Bruno Glandy est le premier arrivé et les douaniers Kazaks doutent de son visa car il est obtenu un samedi matin alors que l’ambassade est fermée et surtout aucun touriste n’est entré au Kazaksthan depuis 2019. Les Irreks sont bloqués, malgré la lettre officielle de soutien du ministère Kazak des Affaires Etrangères…J’appelle Serguei, qui appelle l’ambassadeur, qui appelle le chef du poste de douane et tout à coup, tout se précipite…Bruno est le premier touriste a entrer au Kazakstan depuis près de 2 ans et on file tous vers Almaty ou les derniers arriveront de nuit. Le gros verrou de notre expédition vient de sauter ! A nous les steppes !
Pour le visa Russe, on a obtenu un visa de “sportif de haut niveau“ via un levier personnel, mais j’ai du envoyer Vincent en France avec tous nos passeports pour récupérer nos visas… Il a pris l’avion a Osh pour Paris et nous a retrouvés à Bishkek le 26 aout…avec nos visas russes ! Administrativement, on est désormais libres de pouvoir rouler avec nos motos jusque’à VLADIVOSTOK !!!
Au Kazaksthan, on découvre les steppes immenses, des petits villages isolés où on dégote les hôtels disponibles, dans des régions non touristiques. On se prend une journée de pluie également qui assombrit les photos mai certainement pas notre enthousiasme… Pour casser la monotonie des grandes routes souvent défoncées, on fait des détours ou étapes décentrées pour aller bouffer de la poussière sur de belles pistes.
Nous traversons l’immensité Kazak en 5 jours jusqu’à Semei puis nous filons vers la frontière Russe !.. Les Africa Twin ronronnent, nous approchons notre dernier poste de frontière terrestre du voyage qui au final se passe incroyablement bien. Sortir du Kazaksthan est une formalité et entrer en Russie est un vrai bonheur avec des douaniers pro et accueillants. Nous disposons d’une lettre officielle du ministère de la Jeunesse et des Sports qui nous facilite la vie. Après une longue étape nous arrivons à BARNAUL avant la nuit et sommes accueillis par notre guide Russe “Tonio“. On descend la CRF100 de secours qui est sur POPEYE et je la lui prête pour nous accompagner et guider jusque’à Vladivostok. En Ouzbekistan, on avait cannibalisé cette moto en lui piquant sa béquille latérale, afin de remplacer celle de Pierre Faure qui avait été abimée dans le transport par camion. Donc du coup de passe la béquille de ma CRF1100 a Anton et je me lance dans le challenge de traverser la Sibérie sans béquille latérale..
Kemerovo, Krasnoyarsk, Taishet, Tulun, Irkoutsk et le bord du lac Baikal sont nos premières étapes Russes dans une Sibérie qui se durcit au fil des kilomètres. Krasnoyarsk est une ville qui séduit tous les Irreks. Irkoutsk résonne dans la tête de beaucoup d’entre nous comme un décor du livre Michel Strogoff de Jules Verne. Et surtout, arriver avec sa propre moto sur les berges du lac Baikal est un sentiment très fort qui nous permette cocher une case de notre wish-list universelle de motards vadrouilleurs…
On ne croise absolument aucun touriste étranger sur la route ou lors de nos étapes et on croise à peine quelques motards locaux. Les routes empruntées sont de bonnes qualité mais très souvent en travaux. En sortant d’une portion compliqué, François tape une pierre et son pneu se dégonfle. Les ouvriers de la DDE locale lâchent leurs pelles, bulldozers, camions et drapeaux et viennent tous autour de nous pour faire des photos. On est des martiens pour eux…
La route est parfois longue mais on est tous conscients de la chance qu’on a de rouler librement dans le plus grand pays du monde avec nos bécanes, en pleine crise sanitaire internationale…
Nos Africa Twin et nos tenues de cosmonautes poussiéreux permettent de déclencher de nombreuses rencontres conviviales malgré les problèmes de languages. On continue de temps à temps à tenter des détours ou itinéraires hors goudron histoire de bien profiter de nos pneus Anakee Wild, ce qui nous construit de super souvenirs.
Au bout d’une de ces pistes perdues à travers les villages, on tombe sur un cul de sac avec un pont fermé. Au pied de ce pont, loin de tout trafic, de toute communauté et de tout passage, on tombe sur 2 russes qui jouent aux échecs en pleine nature sur le capot de leur Lada. Imperturbables ! Pour eux on n’existe pas, motos ou pas, français ou pas, aucun contact possible. Ils sont dans leur univers… Fabuleux !
Sur une étape, on doit prendre un vieux ferry pour profiter d’une route et surtout une piste pittoresque. Encore plein de belles rencontres à bord..
On passe 2 nuits à Irkoutsk, ce qui permet de souffler un peu et de visiter la ville avant de s’enfoncer un peu plus dans la froide région sibérienne de Chita. Je n’y étais pas retourné depuis 29 ans.. Plein de bons souvenirs…
Puis la dernière étape de cette section nous mène sur 70 km sur les berges du lac Baikal, sous un superbe ciel bleu chanceux !.. Balade en bateau, marche sur une voie abandonnée historique du transsibérien, déjeuner sur le bord du lac… Une belle journée de glande inspirante… On a rejoint le lac Baikal avec nos motos !… Un rêve pour tous !
On prépare désormais la dernière section transcontinentale de cette expédition vers Vladivostok, sans savoir encore si on réussira à entrer au japon avec nos Africa Twin ou pas…
Photos T3 – T. Renavand – H. Fieujean – E. Massiet du Biest