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Alain Borie

Un militant cheveux au vent…

Alain est un motard dans l’âme et dans la vie avec un peu plus de 1.000.000 de km en bécane en 40 ans, soit 5 fois plus que ses bornes accumulées en bagnole… Dans son enfance, son voisin roule en BSA 650 et ça le fascine !..  Son père est motard mais interdit à Alain de rouler à moto, qui doit donc attendre l’âge de 21 ans pour passer son permis et s’acheter un CB450 Honda.

Il part dans des études de Sciences économiques et comme son père est conducteur de train, Alain débute à la SNCF dans la gestion des trains en gare. Mais quand on veut le muter à Paris, il  démissionne de la SNCF et après quelques jobs alimentaires entre sur concours à la Caisse des Dépôts, initialement comme documentaliste. C’est dans cet établissement qu’il fera sa carrière.

Chaque fois qu’une opportunité se présente, personnelle ou professionnelle, Alain enfourche sa bécane pour laisser sa longue chevelure frisée filer au vent.  “Pour moi, l’objectif fondamental d’avoir une moto c’est de faire des voyages, et de me barrer autant que possible“.

En 1980, j’ai commencé à oeuvre avec la Fédération des Motards en Colère pour collecter des fonds auprès de la communauté des motards (280 Francs par personne soit le quart d’un smic de l’époque) . Au total, 40.000 Motards participent a cette collecte et deviennent membres fondateurs de la Mutuelle des Motards, qui est créée en 1983, avec un premier contrat signé au Bol d’Or. 

Puis Alain devient bénévole à la délégation de Bordeaux de la Mutuelle des Motards en 1984. Avec les premières cotisations régionales, un premier salarié est embauché sur Bordeaux mais Alain reste toujours bénévole . Il devient administrateur national de la MutMot puis vice-président. Aujourd’hui, il dirige la Fondation de la Mutuelle des Motards en charge de financer de la recherche médicale sur la prise en charge et protection des motards accidentés.

A la Mutuelle des Motards, tous les administrateurs sont bénévoles, sauf le Président  à qui est délégué la fonction de Directeur Général. Et les administrateurs sont tous élus par les sociétaires assurés par cette mutuelle. C’est une structure de l’économie sociale et solidaire (associations, fondations, mutuelles, coopératives…)  Cet organisme est le seul en France à être 100% dédié à l’assurance des motards. La MutMot assure toutes les catégories de motards du permis A2 jusqu’au séniors, et ne fait donc pas de sélection liée à l’âge ou à l’expérience. Alain précise “mais on conseille sur le choix des motos notamment pour le permis jeunes conducteurs depuis toujours. On cherche a accompagner le motard dans son expérience sur 2 roues : choix équipement, pilotage, stages de perfectionnement a la conduite…“ 

Etant une mutuelle, la MutMot ne cherche pas à faire des bénéfices. Le coût de la cotisation est un tarif technique de cette mutuelle, qui ne cherche pas à enrichir des actionnaires mais à défendre au maximum le droit à l‘indemnisation des motards assurés chez eux. Dès la fondation de cette Mutuelle des Motards en 1984, toutes les garanties étaient étudiées pour répondre le plus précisément aux besoin des motards, et c’est ainsi que dès les premières années, la MutMot a inventé des services de base :

  • Tester les antivols avec Motomag (magazine qui appartient 50% à la MutMot et 50% à la FFMC)
  • Garanties corporelles conducteur pour tous (“corporate conducteur“)
  • Assistance zéro km (pas de 30 ou 50 km mini pour être dépanné)
  • Partenariat avec des réparateurs pour réparer plutôt que remplacer  (coûte moins cher aux sociétaires)
  • Création d’un réseau d’experts motos (des vrais motards qui ne se laissent pas compter fleurette))
  • De façon plus technique, le règlement des sinistres se fait en droit commun est non pas avec des conventions inter-assurances. La MutMot cherche avant tout, le droit à indemnisation des motards et ne signe aucune convention avec d’autres  assureurs si elles sont défavorables aux motards. Par exemple un motard qui tombe seul en évitant une voiture qui lui grille une priorité, se retrouve normalement responsable à 100% si il n’y a pas de contact. La MutMot va elle poursuivre le conducteur de la voiture pour démontrer la responsabilité de l’automobiliste qui a coupé la route au motard.
  • le service d aide aux victimes et leur entourage (avec un accompagnement financier mais aussi humain) 
  • La MutMot a aussi mis en place des contrats dédiés aux professionnels de la moto  : moto taxi, livreurs de pizza, scooters en libre service..etc et bien sur les voyagistes comme T3 qui assure toutes les motos destinées à la location chez la Mutuelle car  ils sont les seuls a le faire avec clauses adaptées a notre métier.

Alain est un fervent militant de la protection et de la sécurité des motards : “Dans le monde des motards notre obsession est la prévention du risque. La sécurité, c’est un vaste concept, mais l’étude approfondie des risques et leur prévention est un travail de fond dans lequel nous investissons beaucoup d’énergie. Lors d’enquêtes approfondies sur les origines d’accidents très graves à moto, on se rend compte que l’accident se fabrique dans les jours qui précèdent. Un accident est la conjoncture de plusieurs facteurs risques réunis à un même moment et sur un même lieu : stress familial, pression professionnel, fatigue, vitesse, mauvais choix de pilotage, équipement mal ajusté, etc…  Si on arrive à agir sur au moins 1 ou 2 de ces facteurs risques, on peut éviter l’accident“

Et bien sûr, il applique tous ces principes de la Mutuelle des Motards à ses propres voyages : “Lors de mes voyages, j’ai toujours fais gaffe à la sécurité sans pour autant frustrer mon plaisir du pilotage. Cap Nord en 1978 avec une 650 XS (pas de goudron à l’époque). Mon premier grand trip fut de faire en 1984 un Dakar – Bordeaux en 500 XT chacun avec mon frère qui finissait son contrat la bas à travers le Sahara, via Tamanrasset. Je suis retourné  en Tunisie, Algérie via Djanet en 1984. Puis le haut Atlas en 1997 avec 600 Teneré. J’ai silloné toute l’Europe en long en large en travers, essentiellement avec Ducati ST2. Environ 500.000 km avec des Ducat en Europe. . Puis l’Argentine et le Chili en 2010 avec 2 potes en 700 Transalp. La Zambie en 2012 avec 3 potes, en 600 XT Yam. La Mongolie en Royal Enfield avec Alexandre de Vintage Ride en 2015. Et le France Perse en 2019 en 650 GS avec T3. 

Dans cette expédition du FRANCE JAPON 2021, on est bien sûr concernés par la maîtrise de ces facteurs risques dont il faut éviter l’alignement conjoncturel. On apprend à s’adapter aux pratiques routières parfois erratiques des trafic routiers locaux, on s’adapte aux revêtements des routes très inégaux, à la présence de troupeaux sur le bord ou sur les routes, on partage une sorte de bienveillance les uns envers les autres pour gérer, les distances, la fatigue, les routes et pistes difficiles… Adapter son pilotage aux conditions de terrain reste la clef de notre sécurité.

“Et pour ma part, dans cette longue expédition FRANCE JAPON 2021, je suis venu chercher la découverte de l’ailleurs, des autres, pour apprécier les différences géographiques, sociales, culturelles, économiques, en cherchant si possible de faire aussi le tour de soi… Mais ça, c’est un vaste programme !..“

Photos T3 – T. Renavand – E. Massiet du Biest