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T3 WORLD TOUR

Alain BEAUDOUARD

Le « Nonchalamus » Indonésien.

Sage et placide, ce sont les deux premiers adjectifs qui me viennent à l’esprit pour décrire ce personnage rencontré en Indonésie. Quelques mois avant le départ du T3 World Tour, avec Alain, on s’est “croisés” sur Facebook. On a vite sympathisé et je lui ai proposé de nous accompagner sur notre raid KOMODO à travers l’Indonésie. La chance que notre groupe a eu, est qu’il a accepté. Il nous a accompagnés 38 jours durant avec sa moto ONDALAYA jaune construite sur mesure et nous avons eu de nombreuses et longues conversations enrichissantes le soir ou lors des traversées maritimes en ferry… Nonchalamment mais irrésistiblement durant 7 décennies, Alain s’est construit plusieurs vies extraordinaires…


MOTARD EXPLORATEUR

Avec ses différentes motos successives, ce “Nonchalamus“ a exploré une centaine de pays à travers le monde durant sa vie, sur plus de 500.000 km. Son premier 2 roues était un Solex 3800 avec lequel il est parti explorer la Sicile au départ de Toulon à l’âge de 16 ans, et qui reste son plus beau road trip, fait d’insouciance et de liberté. Durant ces années prépa de Math Sup et Spé, il se tirait des bourres en Norton Commando avec son voisin Alain RENOUF, qui était champion de France de course de côte et membre du Centaure moto club de à Nice. Mais à la mort de ce dernier le 17 mars 1974 qui a implosé dans sa combinaison de cuir en se fracassant sur des rails de sécurité, Alain est sous le choc et décide de laisser tomber la compétition et de devenir motard baroudeur. 

Il y a eu 4 expéditions motos qui l’ont particulièrement marqué : 

En 1984 il part sur un road trip moto de Niamey au Cap en 500XT en traversant l’Angola en pleine guerre. En 1988 avec un petit groupe de 3 Yam 500 XT et 1 Ténéré, il part découvrir l’Afghanistan au départ de la Turquie , après un ferry Toulon – Istanbul. En 2016, à un carrefour de sa vie professionnelle, il part en expédition seul de Cape Town à Magadan en Sibérie, toujours avec une Yam 500XT. Et en 2019, il aide une femme inexpérimentée et à la vie brisée à se reconstruire lors d’un road trip en Royald Enfield Himalayan de St Tropez a Bali. Ce voyage qui devait durer 6 mois leur prend au final 18 mois.

Il a toujours plusieurs petits trails préparés sous la main pour planifier ses voyages aventures, comme sa CRF250 qu’il a envoyée a Windhoek pour parcourir la Namibie prochainement. Mais il affectionne particulièrement sa moto ONDALAYA qu’il a construit sur mesure sur la base d’un chassis de CRF150, et sur lequel il a greffé un moteur 250 cc, poussé à une capacité de 350 cc. Il a adapté un réservoir de Himalayan Royald Enfield plus d’autres organes selon ses besoins et son concept du voyage et c’est avec cette moto qu’il explore sans relâche l’archipel Indonésien.


ETERNEL ETUDIANT

Quand il posait des questions à son père sur le ciel, sur la vie, sur les plantes ou autres éléments qui l’entouraient, son père Guy ne lui répondait que lorsqu’il était disponible. Mais une fois qu’il avait cette disponibilité, alors il prenait le temps d’expliquer tout ce qu’il savait à son fils qui avait alors cette grande satisfaction d’avoir son papa que pour lui. C’est grâce à ce comportement parental qu’Alain n’a jamais cessé de posé des questions et de s’intéresser à toute sortes de sujets, mais aussi à la vie des autres, quels qu’ils soient. Toute sa vie, il a développé et enrichi ses connaissances sur des thématiques technologiques, scientifiques, sociales, géopolitiques, environnementales ou autres. Ca l’a bien sûr beaucoup aidé dans son parcours professionnel d’aviateur, entrepreneur, reporter.


AVIATEUR ENTREPRENEUR

Dans la première partie de sa vie, Alain a écumé les airs tout au long de sa carrière de pilote d’avion. Après avoir fait ses études et passé son bac a Madagascar, il part à Paris pour préparer Polytechnique dans la même promotion que Thierry Breton, mais au bout de 2 ans alors que Breton échoue à X et s’oriente vers SUPELEC, Alain lui part faire l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile)  puis fait son service militaire à Kourou ou il vole sur un Embraer afin de transporter les ingénieurs entre Kourou et les 4 bases arrières. Après son service militaire on lui propose le poste de pilote privé du colonel Seyni Kounche, président du Niger pendant 18 mois.

Ensuite, on lui confie une mission de restructuration de 8 mois chez AIR NIGER, puis une autre de CAMEROUN AIRLINES, suivie par celles de AIR GABON, Air MADAGASCAR et Air BOSWANA. En 1994, la nouvelle présidence Sud Africaine lui demande de restructurer South Africa Airways et tous les jeudis il est en réunion avec Mandela et De Clerk. Une fois sa mission terminée il part fonder AIR COMORES et forme le premier équipage sur un Fokker 27. Puis il forme une équipe pour créer AIR SEYCHELLES avec 2 équipages sur Boeing 747 pour le président RENE. Ses dernière mission furent effectuées au Vietnam, en Indonésie et a Singapour. Il n’a jamais accepté d’être employé et a toujours préféré le statut de freelance.

Dans son métier d’aviateur, celui qui l’a le plus inspiré fut le commandant de bord COURBIN. C’était un orphelin qui lors de la WW2, est parti à 16 ans au Canada pour se faire former en tant que pilote de chasse, avant d’aller se bagarrer contre les Messerschmidt avec un courage immense. A eux deux, ils ont structuré des compagnies aériennes et adoraient voler ensemble. C’était à ses yeux un grand professionnel et une personne noble. Il était à ses cotés dans la cabine lorsque Corbin a fait son dernier vol à 62 ans vers Libreville au Gabon en 1987, pour partager une émotion inconsolable lorsque les dernières pales des réacteurs ont fini par s’immobiliser. Le message était clair de la part de la direction “tu as fait ton temps, tu ne peux plus voler“… Et voler, c’était la seule chose que Corbin savait faire. Il est décédé quelques mois plus tard.

Cette vie investie dans l’aviation civile internationale lui a permis de rencontrer des personnages hors du commun comme le Prince Rainier qui l’appelait l’”Eternel étudiant”. Mais durant toutes ces années  il fut aussi un papa dévoué à ses 3 filles abandonnées très jeunes par leur maman. 

Le 8 novembre 1994, alors que ses 2 filles ainées sont indépendantes, il ouvre une map monde avec sa fille cadette, et tout en mangeant des chips, ils cherchent ensemble un pays ou aller vivre, car la petite ne veut pas retourner en France. Le 16 décembre suivant ils débarquent tous les deux à Djakarta, il y a maintenant 28 ans. Il commence par créer le premier site internet  BALI CONTACT pour les français puis se lance dans la production d’huiles essentielles, de patchouli puis monte un hôtel à Bali.

Enfin, à 64 ans, en 2016 il décide de “ne plus se faire emmerder par personne“ et vend tout ce qu’il possède, afin de pouvoir vadrouiller l’archipel indonésien et le monde sans stress et sans contrainte.


AMOURS & AMITIES

Les quelques amitiés qu’il a construites au fil des décennies sont indéfectibles. Sa fidélité est essentielle et ni les kilomètres ni les années ne peuvent altérer ce qui a été construit avec ses amis, bien souvent autour de voyages comme son copain d’enfance Dominique avec lequel ils s’étaient embarqués dans un sea trip Madagascar – Toulon, suivi d’une transatlantique épique sans aucune expérience . Il peut offrir son amitié fidèle à une gamine de 14 ans à Bali pour qui il s’engage à verser 1.000.000 de roupies par mois (environ 70 €) pour l’aider dans ses études et qui à 24 ans l’appelle pour le remercier et lui dire qu’elle est autonome et n’a plus besoin de son soutien.

Il peut aussi se lier d’amitié avec une légende démocratique qu’il rencontre en 1997, Ramos Horta, prix Nobel de la Paix qui deviendra plus tard président de la république du Timor Leste.

Quant à l’amour qu’il a partagé avec ses 3 filles et les femmes de sa vie, qu’il a toujours veillées à mettre à l’abri matériellement, cela a toujours été un moteur de sa progression dans l’existence. Il a cherché à transmettre l’amour et l’équilibre que sa maman artiste et son papa entrepreneur lui ont procuré. Lorsqu’il croisait le chemin de personnes décevantes ou néfastes, il pense toujours à son père qui disait « ne t’inquiète pas fiston, chaque dinde a son Noël..“

Récemment, lors d’une réunion de famille avec ces 3 gamines, il leur demandait ce qu’il représentait pour elles.

  • “Tu m’as donné un nom, donc tu es mon père“ dit l’une
  • “Je te vois assis au bord de la rivière à regarder les cadavres passer“.. répond l’autre.
  • “Je sais qu’en cas de coup dur , tu seras toujours mon phare“ conclut la dernière.

TINTIN REPORTER

Quand il arrive en Indonésie il y a 28 ans , Alain vadrouille et explore le pays à moto pour mieux le connaitre. Au bout de quelques années à crapahuter d’îles en îles, il décide d’aller en Papouasie pour aller rencontrer les tribus Korowai, soit disant coupeurs de têtes, et il y reste plus d’un mois en immersion totale au lieu des quelques jours prévus au départ.  Comme son père Guy faisait pas mal de petits montages en super 8 mm ou en 16 mm, il a toujours baigné dans cet univers des images et des montages. Lors de son séjour chez les papous, il tourne des images sur leur cérémonie annuelle du Sagou. 

Quelques mois plus tard il finalise avec passion un petit montage de 52 min pour montrer a ses 3 filles . A l’époque, il fait du tennis avec son copain suisse Alain CARROT, patron de l’hôtel Hilton de Bali, et il lui file un DVD de son film pour partager cette expérience chez les Papous. Plusieurs mois plus tard, il reçoit un appel :

  • Alain, dans 2 semaines, on part ensemble en suisse a Fribourg
  • Que veux tu que fasses a Fribourg ?
  • J’ai envoyé ton film au festival du film anthropologique de Fribourg, et il fait partie des 10 sélectionnés.

Au final son film amateur reçoit le premier prix de ce festival en 2007, devant les films documentaires de National Géo, de la BBC… puis tout s’enclenche. On lui propose des contrats de salarié comme reporter, ce qu’il a toujours refusé pour rester indépendant. Il commence alors à tourner et produire des films documentaires pour les chaines de télé anglo-saxonnes  essentiellement pour la BBC et le National Geographic Channel. Les derniers en date sont une série de films documentaires intitulé “Dans les yeux de Barbara“, qui est l’histoire de cette femme de 60 ans cherchant à réparer sa vie meurtrie, lors d’un road trip moto de 18 mois durant entre St Tropez et Bali.

Quelle est la personne qui t’as le plus inspiré ?

“C’est définitivement Mandela et Ramos Horta. Tous les 2 ont beaucoup souffert dans leurs combats respectifs et pourtant, après leur victoire, ils ont toujours respecté leurs ennemis.“


De toutes les motos que tu as pu chevaucher dans sa vie de voyageur, quelle est ta préférée :

“C’est définitivement la YAM 500 XT !“


Allez, la question classique.. Quel est le pays que tu as visité qui t’a le plus impressionné ?

“C’est l’Angola, j’y ai eu mes plus belles émotions de voyageur“.


Grâce à Alain, ses conseils, ses contacts, son équipe et sons sens de la performance nonchalante, nous avons eu la chance de pouvoir traverser intégralement avec nos propres motos, ce superbe pays qu’est l’Indonésie entre Medan au nord Sumatra jusqu’à Dili, capitale du East Timor sur près de 6.000 km. En 38 jours de vadrouille, nous n’avons pas croisé un seul motard occidental voyageant sur sa propre moto !..

Ensemble nous avons aussi imaginé et mis au point une classique annuelle, qui pourra bientôt se positionner dans le calendrier international des événements des raids Aventure – Découverte. Cette expédition permettra à une vingtaine de jeunes reporters explorateurs de découvrir l’archipel Indonésien à moto de façon inédite !

Quelques sites internet utiles :

Boutique des livres d’Alain

Site web perso

Gallerie photos et toiles

Banque d’images video