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Long Way Home Asia 2019

Portrait de Stéphane

Gamin j’avais des envies d’ailleurs car grâce à mon père qui était affecté en poste à l’étranger, j’ai vécu à Madagascar, et d’autres pays d’Afrique. Quand des parents font grandir des enfants loin de leur nation, cela offre une ouverture d’esprit, vers des cultures différentes. Cela donne un angle de photo plus large du Monde. Coté professionnel, dès mes 4 ans et jusqu’au bac je voulais être médecin, Mon père étant officier il m’a conseillé de faire Santé Navale, mais l’armée et moi ça fait deux. Je me suis vautré la premier année et plus tard j’ai été admis en chirurgie dentaire mais c’était pas un métier qui me plaisait vraiment. J’ai bifurqué vers des études commerciales et les opportunités de la vie m’ont fait entrer dans un gros groupe pétrolier où j’ai fait toute ma carrière. Je me suis marié jeune et ai eu trois enfants avec ma femme. Mais je me suis retrouvé veuf à 32 ans avec mes 3 gamins. Je n’ai donc pas pu prendre un poste à l’étranger. Je me suis basé à Paris avec ma petite famille et j’ai bossé dur pendant 25 ans avec des missions courtes et nombreuses à l’international.

C’était passionnant mais je voyageais comme une valise, d’hôtels en aéroports. J’ai vécu un nouveau drame en perdant ma deuxième femme. Veuf à nouveau j’ai changé de vie, pris mes distances avec le boulot en me disant qu’il fallait que je profite de ma santé pour jouir de la vie au mieux. Cette double peine de veuvage te fait vite comprendre la différence entre l’essentiel et l’accessoire. Agnostique à la base j’ai quand même une réflexion et observation sur ce qui m’entoure que je voies ou ne voies pas. J’ai décidé de vivre vraiment, je ne voulais pas être le plus riche du cimetière. Je m’étais beaucoup occupé de mes enfants et il était temps que je m’occupe de moi. J’ai décidé de voyager.

J’ai eu ma première Motobecane bleue à 13 ans et avec un copain on a traversé la France en mob jusqu’à Toulouse sans un rond, en s’arrêtant dans les presbytères… J’ai eu quelques petites bécanes mais je n’ai passé mon permis moto qu’à 32 ans. J’ai acheté ma première grosse bécane, une K100 LT avec ABS, et j’ai découvert l’esprit de liberté et de solidarité. Puis je suis entré dans le monde Harley. J’aime bien jouer le rôle de Road Captain avec un esprit de prudence, dans le même esprit de la haute montagne. Aujourd’hui je partage ma vie et ce beau voyage avec Sandra qui roule aussi avec sa GS dans ce groupe. Un vrai bonheur. Je fais souvent un parallèle avec la haute montagne. Car quand tu fais une course de 12 heures, que tu en baves vraiment et que tu t’arrêtes un quart d’heure au sommet avant de redescendre, c’est une véritable jouissance de la vie. La moto c’est un peu ça.  Parfois tu donnes beaucoup d’effort et d’endurance durant de longues heures ou journées pour avoir le bonheur d’atteindre un site, un ville, un paysage à te couper le souffle. Le bonheur en moto c’est souvent d’arriver là où elle te permet d’aller. Ce n’est pas toujours le fait d’être SUR la moto…

Ici au Yunan dans notre progression vers l’Himalaya, quand tu vois ces paysages monumentaux, tu te sens tout petit, tu te positionnes devant cette immensité et ça te fait beaucoup réfléchir … Je médite beaucoup sur la moto, et ces paysages m’inspirent énormément.  Je ne sais pas encore ce que ce voyage va m’apporter, mais ce que je sais déjà que je ne vais pas revenir pareil . On a quitté au départ un monde ultra matérialiste qui affichent des problèmes qui ne sont pas vraiment les nôtres ici aujourd’hui. Peut-être que je serai plus zen, que je pourrais mieux maîtriser mes émotions. J’espère que je pourrais gagner une certaine zénitude dans ce grand voyage.

Stéphane

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